FLORENCE DALBES-GLEYZES

DALBES-GLEYZES (Florence)

DALBES-GLEYZES (Florence)

Son (ses) livre(s) publiés chez JFE :

infermabecedairedeladecroissancelebunker(7)

 

 

 

 

 

 

 

Quelques mots sur l’auteur…
Florence Dalbes-Gleyzes, professeur documentaliste, réside dans le Languedoc-Roussillon.
Elle s’’exerce à l’’écriture depuis l’’enfance.
Poésie, roman, théâtre, elle a tout essayé, mais c’’est dans la nouvelle qu’’elle parvient le mieux à exprimer ses émotions face à une humanité en détresse.

Autoportrait…
Il s’accrochait à la paroi blanche et lisse, la tête tendue vers le haut. Il allait mourir noyé, le ciel était trop loin, les ombres menaçantes, son sang réclamait de la chaleur. Les lézards ne vivent pas dans l’eau.
C’est en voulant tirer la chasse que je l’ai vu. Son regard me guettait. Malgré une certaine répulsion, je mis la main dans la pisse chaude pour sauver le reptile. J’avais déjà sauvé des guêpes, des fourmis, des coccinelles, ce que je pouvais, ce qui se présentait, peu importait la taille, la beauté ou mes dégoûts. J’avais douze ans. Je croyais que c’était l’âge le plus important de la vie, peut-être parce que les héros de mes lectures avaient tous plus ou moins cet âge-là. Finalement, je n’avais pas tort. Douze ans, c’est la fin de l’enfance, d’un monde et je comprenais qu’il fallait se salir les mains, s’investir, se dépasser pour être cohérent et s’adapter à ce nouveau monde qui pointait. Pour grandir.
J’avais douze ans de doute et d’imperfection et je croyais que le reste de la vie allait tout arranger. Je voulais être écrivain et c’est la seule chose dont je rêve encore qui date de cette époque. Ce que je sais, aujourd’hui, c’est que la vie n’arrange rien toute seule, il faut sans cesse glisser les mains au fond de la cuvette, sauver des vies, surtout la sienne.
Qui suis-je à présent ? Finalement j’ai toujours douze ans… et un peu plus, patchwork d’enfance et du reste.
Je n’aime pas le bruit, la ville, l’hiver, le sel sur la peau, les gens qui se garent mal, le travail, me coucher tard, la vulgarité, être en retard, prendre la parole en public, ou même prendre la parole, avoir mille choses à faire, le sport, circuler en voiture dans les endroits trop passagers, les repas trop longs, l’indifférence sur le sort des animaux, des autres en général, les animateurs de télé, l’alcool, mon bureau toujours en pagaille, le mépris, être jalouse, espérer, me tromper, fermer les portes et les possibilités de retour, entrer dans les magasins, l’école, les groupes.
J’aime avoir le frigo vide, du temps, les siestes sur le canapé, les soirées en famille, la chaleur, l’odeur de la pluie, juillet, août, mais surtout juillet, mon chat sur les genoux, la nature, les tournesols, les framboises, les pêches, les invitations improvisées, être nue, nager, observer, écrire, comprendre (et ce n’est pas si souvent), ranger et arranger ma maison, me dépouiller, le corps de mon fils, son rire, les hommes en chemise blanche, les soirées filles, le thé, être éditée, la solitude, découvrir des nouveaux sentiers, circuler à pieds…
Ce qui m’indiffère : les bijoux, le 20h00, les discussions gastronomiques, les cosmétiques, les vêtements, la mode, les voitures, les repas de noël, le nouvel an, mon anniversaire mais de moins en moins, les mariages, les cartes postales, les nouvelles technologies…
Ce qui m’impressionne : les grands voyageurs solitaires, les canyons, la quantité d’eau sur terre, le nombre d’animaux mangés chaque année, les surdoués, ceux qui restent dans l’histoire, surtout ceux qui avaient raison et qui ont œuvré pour la paix…
Être.

 

 

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