ISABELLE GRENEZ

GRENEZ (Isabelle)

GRENEZ (Isabelle)

Son (ses) livre(s) publiés chez JFE :
lheuredelarenarde

 

 

 

 

 

 

 

Isabelle Grenez est née à Bruxelles en 1963. Licenciée en droit, active dans le secteur des assurances, mariée et mère de deux filles, elle a toujours eu envie d’écrire pour raconter des histoires.
Elle s’est lancée dans l’aventure il y a quatre ans et livre avec L’heure de la renarde son premier roman.

Autoportrait…


Tout commence par une scène de la vie quotidienne, dramatique ou anodine, par une image, un parfum, une musique, une émotion, une réminiscence peut-être. Sensible aux regards, aux voix, aux attitudes, mes sens sont perpétuellement en éveil ; j’observe, je note, j’enregistre. Les surprises que réserve la vie s’offrent à moi, je n’ai qu’à les cueillir. Dans le métro, dans la rue, dans un lieu public, dans une foule où je me perds incognito. Très vite, la scène capturée est réduite à l’essentiel, à quelques mots clefs griffonnés dans le petit carnet que j’ai toujours sur moi. Je les couve précieusement, ces quelques mots et déjà, n’ai qu’une envie, leur donner corps.

De la scène capturée, source inspirante, surgit une pulsion, un désir impérieux d’écrire pour libérer l’énergie qu’elle a générée. Besoin de raconter, d’exprimer ce que je ressens, ce que je rêve. Sans cette pulsion, pas d’histoire, juste un gribouillage dans un carnet.

Mon imagination s’emballe. L’étincelle initiale devient feu d’artifice. Suivre mon intuition. D’association d’idées en association d’idées, la scène capturée croît, s’étoffe, envahit tout l’espace. Obsédante, elle me poursuit jusque dans ma voiture, ma trousse de maquillage, mon sac de courses. Déterminée, elle se plante même au-dessus de l’évier dans lequel je fais la vaisselle. Je ne lutte pas, je sais qu’elle est la plus forte.

C’est pour canaliser cette énergie que je brode autour de l’idée première et ébauche une histoire. Je peins, compose, me fais du cinéma, un drame psychologique, bien souvent. En point de mire : l’individu, sa richesse intérieure, sa complexité sans fin, ses contradictions, ses attentes, ses désillusions, ses erreurs, ses rapports aux autres, aux autres formes de vie et aux événements ; les gens, tous sans distinction, dans et en dehors de la famille, ce qu’ils sont, ce qu’ils deviennent, ce qui les rapproche, ce qui les sépare. Peu à peu, la scène capturée et ses développements prennent forme et deviennent esquisse d’un récit. Et c’est bien de fiction qu’il s’agit. Plus vraie que nature, la fiction dépeint tellement mieux la réalité que la réalité elle-même. Qu’est-ce d’ailleurs que ce concept ronflant ? Parce qu’il n’y a pas une seule et unique réalité objective, mais une infinité de réalités subjectives, une même idée peut donner lieu à une multitude de récits. Je trie, choisis, pioche tous azimuts dans les pièces du puzzle, les mélange, les assemble.

L’histoire se construit, dans l’agitation extérieure ou le silence de l’isolement. Les personnages se créent, avancent, agissent, se laissent faire au début, puis s’imposent peu à peu. Contrairement à ce que l’on croit, un auteur n’est pas libre. Très vite, la logique de mes élucubrations me rattrape. Des notes, un décor, des traits, des liens dans tous les sens, un plan. Comme une architecte, je bâtis un microcosme cohérent sur une structure, autour d’un squelette. Mais ce que j’élabore est vivant. J’enveloppe chaque petit os de chair, de peau, la vascularise, lui donne le souffle et respire avec elle, lui dessine des yeux, une bouche, l’habille enfin. Telle une styliste, ma plume confectionne chaque étoffe, chaque vêtement et dans une langue classique, fait le récit intimiste d’une tranche de vie.

Premier jet dans le cahier qui me suit partout, retranscription soignée à l’ordinateur. Première relecture, deuxième… puis le texte décante avant d’être retravaillé avec le recul nécessaire, encore et encore, corrigé, modifié, peaufiné. Perfectionniste, opiniâtre, rigoureuse, je m’accroche et repousse sans cesse les limites de ma satisfaction. Écrire est laborieux ; chaque histoire est un marathon. C’est infernal et merveilleux ; c’est contraignant et jubilatoire. Le choix des mots, la musicalité des phrases, le rythme du récit, son titre, le nom des personnages, rien n’est laissé au hasard.

Au bout du parcours, le texte est prêt à être coulé dans un livre, ce bel objet qui sent bon l’encre et le papier, que l’on peut toucher et emporter partout avec soi. Déjà cette histoire ne m’appartient plus, d’autres se promènent dans mes pages et se les approprient. J’en suis heureuse. Cette histoire, c’est la leur, c’est la vôtre. Je vous l’offre. Cadeau !

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