PATRICK LARRIVEAU

LARRIVEAU (Patrick)

LARRIVEAU (Patrick)

Son (ses) livre(s) publiés chez JFE :

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Quelques mots sur l’auteur…
Patrick Larriveau est professeur des écoles dans le sud de la Réunion.
Il a en projet un carnet de voyageurs sur l’île Rodrigues et quelques écrits philosophiques.

Autoportrait…
SUR LA ROUTE
« On avait du chemin devant nous. Mais qu’importe : la route, c’est la vie. » (Jack Kerouac, Les anges vagabonds)
J’ai démarré peu avant les années soixante. Un p’tit coup sur le pare-chocs arrière par une sage-femme experte et à domicile. Roule mon gars ! C’est dire si j’en ai avalé du bitume jusqu’à présent, je l’ai trimballée ma carrosserie, plutôt 2CV décapotable que BM, contrairement aux dires de quelques rares admiratrices !
Encore flambant neuf, jantes courtes et morve à la calandre, j’ai plutôt freiné du côté de la communale, crachoté – voire crapoté – au collège. Dieu m’est témoin qu’il s’agissait d’une institution religieuse. Et finalement j’ai accéléré au lycée, surtout pour m’en sortir au plus vite, lequel établissement scolaire était, suite logique de la bourlingue, un séminaire.
J’avais dans l’idée de me farcir les voies célestes mais bon y’avait aussi des filles en bas qui faisaient du stop, délurées et aguicheuses, et c’était bien plus sympa de les embarquer pour un temps que de jouer les prêtres ouvriers.
J’ai poussé ensuite jusqu’aux travées universitaires avant de débouler sur l’asphalte quelque peu chaotique de l’Éducation Nationale. On bifurque parfois à un carrefour sans trop savoir où l’on va. Voilà trente-six piges que j’y cahote, des kilomètres au compteur de la pédagogie, mais j’entrevois à présent la voie de garage et ses petits chemins de traverse. J’ai encore bien envie de voir du pays !
Tout ceci étant fort raccourci et malgré que je ne sois plus côté à l’argus, le moteur fonctionne encore. Pour l’instant pas trop de ratés, quelques essoufflements à l’occasion mais j’entretiens, je fais les révisions nécessaires, les durits tiennent le coup. Et tout ça même j’ai parfois avalé un peu n’importe quoi comme carburant.
Quand vous roulez, vous regardez un peu partout, devant derrière à droite à gauche, vous vous arrêtez, vous ralentissez, vous ne respectez pas toujours le code. En fait, vous remplissez l’habitacle d’un tas de souvenirs. Même une caisse ça a de la mémoire !
Ainsi j’ai trouvé un truc sympa pour ne pas oublier, tenter de comprendre : je mélange tout et j’écris.
Car on se demande pourquoi tous ces virages, toutes ces lignes droites, où ça nous mène.
Alors on laisse des traces de gomme, des ratures, des signes sur des bouts de papier – carnets de voyage – qui font, quand on regarde dans le rétro, comme une ligne blanche. Y’a presque tous les paysages parcourus, toute la bonté des rencontres.
La route, c’est plein de surprises pour peu qu’on fasse gaffe, qu’on entretienne au mieux le pare-brise et les essuie-glaces. On ne sait jamais trop où l’on va. On sait juste, qu’un jour ou l’autre, y a le terminus tout’le monde descend. On rend les clés. D’ici là faut s’appliquer à ne pas avoir de regrets pour enfin laisser tranquille sa tôle froissée rouillée sur le bord de la route.

 

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