Son (ses) livre(s) publiés chez JFE :
Quelques mots sur l’auteur…
Bernard Legros, né à Liège en 1963, est essayiste, enseignant à l’école secondaire et militant associatif. Il est le coauteur de Musiciens de jazz (éditions Versant Sud, 2002), L’École et la peste publicitaire (éditions Aden, 2007), L’enseignement face à
l’urgence écologique (éditions Aden, 2009) et La pertinence de l’escargot. En route vers la décroissance ! (éditions Sang de la Terre, 2013).
Autoportrait…
Dans la seconde moitié des années 1970, comme c’était le cas de beaucoup d’autres adolescents, la littérature accompagnait ma vie quotidienne ; jusqu’à ce qu’une sorte de hapax existentiel survienne à l’âge de dix-huit ans et m’éloigne d’elle : la découverte du jazz, son esthétique et son style de vie décontracté. Étant « tombé dedans », j’ai fait le choix d’écouter un maximum d’albums de l’histoire du jazz, sans oublier l’actualité. Des magazines spécialisés m’ont ouvert leurs colonnes, et comme critique j’ai eu l’occasion de couvrir plusieurs festivals belges et étrangers pour leur compte. Fantastique époque ! Des années et quelques centaines de CD plus tard, j’ai eu l’impression d’avoir fait le tour de la question. Le balancier allait repartir vers la lecture, mais cette fois vers les essais, genre que j’avais aussi abordé dans ma jeunesse. Bizarrement, je n’ai plus retrouvé le goût des romans, bien que je m’y astreigne en général une fois par an, poussé par des amis. Même quand j’arrive à la dernière page, je ne retombe pas dans le chaudron littéraire pour autant…
Second flash de ma vie en 2002 : la découverte du mouvement socio-politique de la décroissance, grâce aux Casseurs de pub lyonnais, éditeurs du mensuel éponyme. La décroissance, à travers ses principaux théoriciens — Serge Latouche, Paul Ariès, Jean-Claude Besson-Girard, François Schneider, Vincent Cheynet, Michel Lepesant, entre autres —, a ouvert ma pensée sur d’autres lignes de fuite philosophiques : tout d’abord l’écologie politique (André Gorz, Bernard Charbonneau, Cornélius Castoriadis, Arne Næss, Ernst Schumacher, Hans Jonas), mais aussi la critique de la technique (Jacques Ellul, Ivan Illich, Gilbert Hottois, Lewis Mumford, Daniel Cérézuelle), de la science (Théodore Kaczynski, Alexandre Grothendieck, Survivre et vivre, Pièces et Main d’œuvre), du développement (François Partant, Gilbert Rist), du capitalisme et de l’idéologie néolibérale (Pierre Bourdieu, Alain Accardo, Jacques Généreux, Christian Laval, François Flahault, Dany-Robert Dufour, Christopher Lasch, Jean-Claude Michéa, Olivier Rey, Christian Arnsperger), le catastrophisme éclairé (Günther Anders, Jean-Pierre Dupuy, Bertrand Méheust, Clive Hamilton), la psychanalyse dans sa dimension anthropologique (Jean-Claude Liaudet, Jean-Pierre Lebrun, Roland Gori), le mouvement anti-utilitariste en sciences sociales (MAUSS), ou encore des sujets plus circonscrits comme la lutte antipub (Jean Baudrillard, le Groupe Marcuse, François Brune), les questions énergétiques (Yves Cochet, Alain Gras, Richard Heinberg), la marchandisation de l’enseignement (Nico Hirtt). « As-tu lu Marx ? », m’a-t-on souvent demandé. Oui, mais seulement Le Manifeste du parti communiste, donc le « minimum syndical » ! Et les grands philosophes dans le texte ? Peu, par manque de temps, mais quand même quatre d’entre eux, d’époques différentes, qui m’ont particulièrement marqué : Sénèque, Rousseau, Schopenhauer et Arendt. Enfin, dans le domaine des confessions intimes, je voue une affection particulière à Roland Jaccard, ce prince du nihilisme à l’humour noir, ce digne successeur de Cioran en qui je ne parviens pas à me reconnaître tout à fait.
Comme auteur, je me partage aujourd’hui entre les sciences sociales (principalement) et la musique (accessoirement). Écrire est une hygiène de vie qui m’est indispensable. Trempée dans l’encre claire de la rationalité, ma plume méconnaît (hélas ?) la poésie et la littérature. Je reconnais mes propres limites. Quoi de plus normal pour un objecteur de croissance ?