Son (ses) livre(s) publiés chez JFE :
Quelques mots sur l’auteur…
Henri Aram Hairabédian, c’est le sculpteur dans son atelier, le romancier à sa table de travail qui partage ses émotions, ses recherches et son amour de l’humanité. Un épanouissement au quotidien par la sculpture – pierres de garrigue, marbres – et l’écriture de ses textes – romans, poésies, nouvelles.
Autoportrait…
20 signes pour dire un homme. C’est beaucoup, est-ce trop ? Voire.
Un bonhomme, un bout de matière passant de l’expansion à la dispersion universelle, en espérant que ce soit du chaos vers l’harmonie.
Un petit d’homme courait dans les rues de Bordeaux, La Rochelle… il va moins vite, mais c’est toujours la quête d’une petite lumière qu’il recherche en sautant à cloche-pied par-dessus les cailloux du chemin. En s’arrêtant souvent, pour une fleur des champs, l’aile d’un papillon ou le sourire d’une belle en robe d’espérance… Et puis, par choc ou tendrement, des rencontres vont attiser le regard, sensibiliser la brutale jeunesse, élever la vision gourmande mais encore égarée. Bien sûr le cri des étourneaux rayant les soirs d’été, le pinceau de soleil par un trou du volet, les reflets de l’averse sur un pavé précieux. Évidemment le vent soufflant sa mélodie entre les flocons immaculés. Et encore le cristal de la voix maternelle sur le basson du père, le gout d’une cerise, celui d’un citron vert et les bonbons précieux qu’on me faisait sucer pour moins trembler des bombes alliées.
Et puis le temps passa.
Il y eut ce voisin de l’épicerie familiale. C’était un graveur lithographe écoutant du Mozart. Il me laissait dans l’ombre de son atelier suivre l’orbe de ses tracés mystérieux. Ou bien monsieur Charazac, le maître des Beaux-arts qui me conduisit à Lascaux à peine découverte. J’entends encore l’orgue de barbarie, le cri des poissonniers à l’heure de la sieste, le jazz d’un frère ainé, le bisou d’une sœur… Tout me fut miel, du vol des ouvrières sur les tournesols géants au dessin sur un mur que traçait l’ombre fugace d’un oiseau migrateur.
La beauté de l’Art dans sa foultitude m’a toujours fasciné. Toutes les expressions artistiques m’étonnent et parfois me bouleversent. Au sortir de la caverne de mes humanités, j’ai mis mes mains dans la glaise, j’ai gravé sur la pierre et le bronze ; j’ai chanté, crié, même avec des fous, mes pareils n’ayant en fin de compte qu’une seule ambition, celle d’inventer le feu.
Oui, ce feu intérieur sans lequel tout est vain, résigné comme une pisse tiède.
« Mon cœur est un feu qui souffre s’il ne flambe pas », dit le poète.
L’alerte que ce ne soit qu’un feu de paille m’est assez réjouissant. J’aime bien voir la jeunesse passer par-dessus les feux de la Saint-Jean, pour basculer du solstice d’été à celui de l’hiver, en hurlant de rire et se brûlant les fesses. Comment ne pas y voir la métaphore d’une existence.
Et me voilà moi, au seuil d’une nouvelle porte de la grande maison où nichent les plumes de mes écrits, les écailles de mes petites marées, mes pierres et mes pages blanches, mes maux et mes rêves.
Ils se veulent romans, nouvelles, histoire contes et légendes. Me voici, cette nuit, dans la confidence du pinceau de lumière de mon bureau silencieux. Je vais vers l’Arménie de mon père et mes années de mémoire, pour m’entendre crier : Dis-lui son nom !
J’accompagne l’homme et ces doutes extrêmes avec Baiser la mort.
Je suis devant les orgues de basaltes, main dans la main avec une Emmanuelle chantant la pierre philosophale.
Quid de la nuit prochaine, de lendemains fébriles et d’espaces plus sereins ?
Je ne sais, mais s’en vient cette folle certitude que sans vous je ne suis rien. C’est pour vous que je crée, autant de mon esprit que de mes mains.