LAURENCE LITIQUE

LITIQUE (Laurence)

LITIQUE (Laurence)

Son (ses) livre(s) publiés chez JFE :

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Quelques mots sur l’auteur…
Enseignante dans l’Est de la France, Laurence Litique  a le goût des autres. À travers ses mots et ses pas, qui l’ont menée des Amériques en Asie, en passant par l’Afrique, traversant l’Europe aussi, elle raconte l’insolite, le beau, l’humain. Les rencontres.
Laurence Litique a déjà publié chez Jacques Flament Éditions, en 2011, un recueil de nouvelles : Déchirures intimes.

Autoportrait…
FILLE DE POUSSIÈRES
Je suis née fille du désert, de l’aridité et de la pierre.
Elevée sur les steppes d’Asie, poussée par des vents glacés ou brûlants.
Au cœur de l’Altiplano, debout et frêle, happant les parcimonieuses et sacrées particules d’oxygène.
Au fond d’un cratère recrachant dans ses vapeurs les entrailles de la terre.
Je suis née du béton, du verre et de l’acier, dans ces métropoles tentaculaires et vacillantes, chaotiques et bruyantes.
Que j’aie grandi ici ou là-bas, j’ai pour bagage cet héritage, teinté de l’austérité brute de ce monde. Un univers qui se décline aux teintes de la terre, des tempêtes de sable et des tornades urbaines.
Au gré de mes pas, j’ai rencontré des peuples parés, multicolores, des femmes et des hommes enveloppés d’étoffes flottant dans l’air du temps.
Des visages émaciés, profils anguleux, regards cernés de noir m’ont accueillie, m’ont bercée, comme autant de mères et de pères.
Ceux qui n’avaient rien m’ont tendu une offrande. Ceux qui avaient plus m’ont ignorée, parfois volée.
J’ai dû affronter les bannières, sauvagement plantées au cœur de la matière mère et nourricière. J’ai dû franchir des frontières, quadrillant, scindant la terre, la coupant, la griffant de barbelés et de fer.
J’ai pleuré dans les villes aux couloirs gelés, à l’ombre des tours trop fières. Des frères, des sœurs m’ont consolée.
De la brutalité du monde, je me suis construite. De ses mains chaudes et avenantes comme des présents, je me nourris.
Là, là, là-bas, autant d’hommes et de femmes, à la silhouette tremblée et pourtant bien debout, dans le sillage du soir.
Cette route, je la poursuis. De roches granitiques en sables mouvants, de terrains vagues hurlants en trains assourdissants, de visages tendus en sourires ardents.
Je me veux passeur, de la noirceur et des ocres du monde.
Et croire en l’alchimie qui mue tout ce qui palpite encore en poussières d’or et de couleurs.

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